Pour ce concert, le quatuor Béla a ouvert ses valises le temps d'une soirée à Marseille...

Il y a trouvé l'œuvre frappante d'Henry Fourès, Un bel éclair qui durerait, pour quatuor et percussion augmentée. La pièce explore les possibilités du discours acoustique des cordes, dialoguant avec l'art virtuose du percussionniste Jean Geoffroy, qui en plus de sa technicité instrumentale infaillible, transmute la chorégraphie naturelle des mains en sons inouïs.

Dans cette continuité, les quatre musiciens joueront la pièce écrite par Robert Pascal pour le Quatuor Béla, Obscure Lumière, en mémoire aux victimes du camp des Milles pendant la Seconde Guerre mondiale, en résonance à l’Hymne des Milles composé en 1939 par Adolf Siebert alors en détention au Camp des Milles. La musique raffinée du compositeur, est défendue avec ardeur depuis ses débuts, quand Robert enseignait encore au Conservatoire National Supérieur de Lyon. Son style très personnel qui allie une grande rigueur dans l’écriture est au service d'une poésie humaniste et inspirée.

Enfin, Francesca Verunelli, créatrice singulière reconnaissable entre tous, offre au Quatuor Béla la primeur de son nouveau quatuor à cordes. Quiconque connaît son art s'attendra, à la suite de son Unfolding pour quatuor et électronique, à une musique aux textures diaprées et adamantines. Riche de possibilités, c’est une œuvre qui s’ouvrira tantôt sur des polyphonies riches et scintillantes, tantôt sur des rythmiques acérées et délirantes.

Francesca Verunelli – Création 2024

Henry FourèsUn bel éclair qui durerait
Dans les catalogues d’édition de ces trente dernières années, rares sont les œuvres en quintette, alliant percussion et quatuor à cordes. C’est que les questions soulevées par ce dispositif sont nombreuses, tenant aussi bien à la nature du projet qu’au type de structuration formelle qu’il induit et qui s’y rattache, et au choix des diverses stratégies d’écriture à mettre en œuvre. Le quatuor à cordes est un dispositif instrumental à la fois «culturel» et «symbolique», vis-à-vis duquel chacun peut immédiatement se situer. En regard, la percussion peut alors apparaitre comme un « monoèdre », un monde inversé, proposant une infinité de dispositifs (ici : phonolithes, lames de bois, balafon, pédale charleston, bambous, bols tibétains, tambours de bois, de métal...).
Dès la conception du projet, il m’a semblé que l’écriture se devait d’abdiquer une part de son pouvoir de contrôle, cédant la « maîtrise » aux ambiguïtés anadyomènes que la transformation en temps réel des sons percussifs pouvait entretenir avec le quatuor.
Un peu comme si l’on peignait sur de la peinture humide en train de sécher, pour mieux saisir la vitalité et exalter la matière dans sa contingence insubstantielle, en même temps que l’idée qui conduit le projet dans l’immédiateté de sa réalisation.
Un bel éclair qui durerait est une commande de l’Ircam-Centre Pompidou, réalisée avec le concours d’Augustin Muller, réalisateur en informatique musicale à l’Ircam.

Robert PascalObscure Lumière
Ecrire une courte pièce pour quatuor à cordes en résonance avec l’Hymne des Milles, voilà quelle a été au tout départ la proposition que le Quatuor Béla m’a adressée. Accueillir le projet sans hésiter me laissait pourtant devant une inconnue : savoir intégrer à ma composition une musique que je ne connaissais pas encore et qui m’arrivait ainsi de l’extérieur. Pour avoir un sens, l’adéquation devait être large, et profonde. Odile Boyer, directrice adjointe de la Fondation du Camp des Mille-Mémoire et Education l’a permis en me faisant connaître et comprendre le lieu même du camp, et en proposant à ma lecture – entre autre – « Le Diable en France », très touchant récit autobiographique de l’écrivain allemand Lion Feuchtwanger, interné dans le camp avant de pouvoir s’en échapper en 1940. Tout cela a pu faire naître en moi une proximité avec ceux qui alors ont vécu au camp, artistes et intellectuels pour beaucoup, et ma composition est portée par une sympathie instinctive envers eux, et particulièrement le musicien Adolf Siebert qui avait écrit l’Hymne dans ces conditions si difficiles. Obscure lumière est traversé par son chant. De façon souterraine au moins, car il n’y a pas de sens à composer en espérant faire reconnaître un chant que de toutes façons la majorité du public ne connait pas. Pourtant, la composition laissera l’Hymne clairement émerger de la trame musicale, ainsi que pour les internés la lumière savait jaillir de l’obscurité.

Mentions
Biographie(s)
Lieu
Verunelli / Fourès / Pascal
Quatuor Béla, Jean Geoffroy
Concert
Mar. 20 février 2024 | 19h00 Friche la Belle de Mai (Petit Plateau)

DURÉE
1h

TARIFS
Unique 6€
Carte de fidélité Modulations 30€*
Nombre de places limité
*Donne accès à toutes les Modulations de la saison 23-24

INFORMATION PRATIQUE
Les spectateur·rice·s retardataires ne pourront avoir accès à la salle, certains spectacles ne tolérant — sur demande du Producteur — aucune entrée en retard.

BILLETTERIE
En ligne : gmem-cncm.mapado.com
Par mail : billetterie@gmem.org
Sur place : le jour même de la représentation, une demi-heure avant le spectacle, dans la limite des places disponibles.

DANS LE CADRE DES MODULATIONS
Les Modulations, c’est quoi ?
Ce sont des concerts, des performances, des événements réguliers…
Autrement dit, une saison organisée par le GMEM.
Dates du 1er semestre :
16/01 — 20/02 03/03 — 19/03 — 16/04 — 12/05


Distribution

Quatuor Béla
quatuor à cordes

Jean Geoffroy
percussions

Augustin Muller
électronique Ircam

Clément Cerles
diffusion sonore Ircam



ŒUVRES DE 

Francesca Verunelli  
< CRÉATION 2024 > — 15 min

Robert Pascal 
Obscure Lumière — 5 min
quatuor à cordes, sur « l’Hymne des Milles » 

Henry Fourès
Un bel éclair qui durerait — 30 min
quintette pour quatuor à cordes et percussion augmentée

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