« Ma pratique artistique chorégraphique s’attache à venir remettre en cause ce que je considère comme un anthropocentrisme théâtral qui reflète la tendance omniprésente dans la culture occidentale à glorifier le caractère exceptionnel de l’homme. L’histoire de la danse telle que nous la connaissons traite essentiellement du mouvement du corps, du corps et de ses capacités d’expression, des origines du mouvement qui émane du corps.
Dans ma pratique j’esquisse un arbre généalogique des artistes chorégraphiques qui ont engagé une approche critique de la question et interrogé la centralité de la figure humaine dans le processus de création du mouvement. Je suis intéressée par les formes hybrides, l’animisme expérimental, les systèmes non hiérarchisés, l’anarchisme féministe communautaire, et les considère comme des propositions intéressantes qui permettent de repenser nos points de vues, comportements et modes relationnels en ces temps de l’anthropocène et du capitalisme. 

Je me donne pour objectif de créer des danses à partir d’entités non-humaines. Ainsi, au coeur de mon travail, chaque projet est connecté à un artefact, un objet ou une chose. Dans LOIE FULLER: Research, je m’approprie le ready-made de la danse, la “ dancing dress ” inventée par Loie Fuller, dans TEKTON, nous nous retrouvons immergés dans des évocations liées à la pierre, tandis qu’avec BOMBYX MORI, le ver à soie se charge de révéler différentes formes d’hybridations. C’est la performance d’une idée quand la danse naît de l’interaction entre un humain et une chose, un objet non-humain.

Alors que BOMBYX MORI mêlait l’histoire de la danse, le son et la sculpture, la prochaine pièce, DANCE CONCERT, prendra la forme d’un concert de danse.
Elle va aussi ouvrir un nouveau cycle à mon travail qui s’intéressera à l’environnement. Pour cette pièce, l’idée est de créer un grand dispositif qui reprend les paramètres techniques du terpsitone. Surprenant instrument inventé par Léon Theremin, il tient son nom de la muse de la danse Terpsichorè, et fonctionne grâce aux mouvements du danseur en utilisant les mêmes principes que le thérémine. C’est l’un des premiers systèmes connus de détection du mouvement.

Au lieu de l’antenne utilisée dans le thérémine, le terpsitone comporte une grande plaque de métal placée sous le sol. Les mouvements des danseurs au-dessus de la plaque génèrent des variations de ton dans les oscillateurs du terpsitone. Je veux travailler avec les propriétés techniques du terpsitone dans l’idée de produire et de parler de l’environnement. Est-ce qu’un concert de danse peut révéler des réflexions liées à l’espace ? Quelles métaphores visuelles peuvent être évoquées quand le corps pénètre un champ sonore? Là où BOMBYX MORI voulait casser l’anthropocentrisme lié à la notion de mouvement en danse, cette nouvelle pièce pose la question des métaphores liées à l’humain et à l’environnement engagées par un concert de danse. » — Ola Maciejewska

Biographie(s)
Dance concert
Ola Maciejewska
Résidence
Jeu. 18 —— Mer. 31 janvier 2018
Distribution

Ola Maciejewska
conception and choreographie

Alberto Novello
ingénieur du son et programmateur informatique

Rima Ben Brahim
scénographie

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